La Maison Benoit à Commanster
Auteur: Georges Benoit, 2/10/2007


Au début du régime Français, Commanster, village ayant fait partie du comté de Salm, fut attaché à la commune de Beho, canton de Vielsalm, département de l'Ourte. Après la chute de Napoléon, les Prussiens administrèrent nos régions durant les années 1814 et 1815. Le département fut rattaché à la Hollande, pour former le Royaume des Pays-Bas, il devînt province de Liège en 1815.
En 1818, le canton de Vielsalm est réuni au Grand-Duché de Luxembourg. En 1839, le canton de Vielsalm fait définitivement partie de la Belgique.

Vue de Commanster, à gauche le pignon de l'ancienne maison Benoit, à droite le château et au loin le clocher de l'église.

Le village de Commanster comptait 43 maisons en 1793 et en comptait 51 en 1891.
Sur le plan religieux, Commanster possédait une chapelle consacrée à sainte Anne, depuis 1683, elle dépendait de l'église paroissiale de Vielsalm. C'est donc dans cette localité que l'on célébrait les baptêmes, les mariages et les enterrements. Le champ de repos était situé autour de l'église.
Voici une anecdote relatée par Gaston Remacle :
« Un habitant de Commanster était décédé. A travers bois, sur un tombereau, et suivi d'un petit cortège funèbre, le corps fut acheminé vers Vielsalm, pour l'inhumation. Suivant les ornières, sur pierres et racines affleurantes, le véhicule cahotait. Soudain, une souche se dresse devant la roue. Un coup de collier de l'attelage. Le véhicule passe, avec un soubresaut... et le défunt, bien secoué, se réveille ! On fit demi-tour. On retourna vers Commanster. A quelque temps de là, notre défunt mourut une seconde fois.
Nouveau départ, vers Vielsalm, du cortège funèbre. Derrière le véhicule, en tête du groupe, la veuve du décédé.
Le petit cortège arrive près de la souche. Et la veuve de s'écrier : « chiwo li sto, saf ! » (Evitez la souche, savez-vous).
Vielsalm n'étant pas la porte à côté, les habitants obtinrent que Commanster soit érigé en paroisse le 11 juillet 1842. Le mobilier compte une chaire de vérité, une peinture de la sainte famille et sainte-Trinité et un christ en croix, tous trois du XVIIIième siècle. Un cimetière fut créé à proximité de cette église. Le presbytère fut construit en 1866, à l'emplacement d'une ancienne maison vicariale.
Il existe une bâtisse remarquable dans le village, elle est dite « le château de Commanster ». Construite dès 1738 par Henri François Baptiste (1705 - 1762), échevin du comté de Salm, dès 1734 et mayeur de l'entre cour de Gouvy, dès 1749. Après divers propriétaires, c'est Jean Herman (mort 1861) qui s'y installe vers 1800. Il deviendra bourgmestre de la commune de Beho. Sous la loi scolaire de 1879, le bâtiment servit d'école libre.


Maison Baptiste, dite "le château".

L'église fut reconstruite en 1898, à l'emplacement de l'ancienne. Elle fut consacrée en 1902.


Carte postale envoyée le 16 octobre 1906, par Victor Lenoir, peinture, vitrerie,
papiers peints à Commanster, photographie d'Octave Baccus,
photographe-éditeur à Vielsalm, n°8.

Le 4 janvier 1822, Henri Benoit, cultivateur à Commanster acheta à Marie-Catherine Backes, veuve de François Legrand, de Commanster et à son fils Michel Legrand, de Maldange, la généralité des immeubles qu'ils possédaient à Commanster : corps de bâtiment, jardin potager, prairies, fanges, champs labourables et sartageables, que l'acquéreur déclara bien connaître, avec les droits de vue, issue, passage et toutes servitudes actives qui en dépendent. Moyennant 219 florins, 24 cents, à payer en deux termes : la moitié le 1er juillet 1823 et l'autre moitié le 1er juillet 1824, à charge d'acquitter toute rente, dont ces immeubles pouvaient être chargés envers la fabrique de Commanster.


Achat de la maison à Commanster, par Jean-Henri Benoit le 4 janvier 1822,
extrait des minutes du notaire Jacques à Vielsalm.

Le partage de biens de la famille Henn est réalisé le 15 mars 1832, devant le notaire Denis, de Vielsalm.
Angélique Henn, épouse de Henri Benoit, hérita de :
une vieille écurie, de fond en comble, avec les aisances et dépendances qui lui sont propres, tenant à Jean Henri Benoit et au chemin.


Commanster en 1844 :
- En jaune : maison et bâtiment de Henri Benoit
- En orange : maison de Paul Houry
- En vert : maison de Jean Pierre Piter
- En bleu clair : château
- En bleu foncé : chapelle Ste-Anne


Commanster, état actuel :
- En jaune et vert : la veuve de Jean Parmentier et son fils.
- En bleu clair : le château.
- En bleu foncé : l-église Ste-Anne
- En orange : ancienne maison Houry

Le 27 janvier 1859, devant le notaire Jacques à Vielsalm, donation par Jean-Henri Benoit, cultivateur à Commanster, au profit de son épouse Angélique Henn, d'un quart en propriété et d'un quart en usufruit des biens qu'il délaissera à son décès. Le même jour, Angélique Henn fît la même donation en faveur de son époux.

Angélique Henn meurt en 1863. Sa succession comprend la 1/2 d'un bâtiment à Commanster n° 563 contenant 2,10 ares d'une valeur de quatorze francs.

L'exploitation agricole de Henri Benoit et son épouse s'étendait sur 4 hectares 55 ares et 4 centiares.
Elle se répartissait comme suit :
2h.46a.10ca. de pâtures sart
13a.24ca. de pâtures pré
1h.34a.60ca. de terres labourables
55a. de prés
1a.80ca. de jardin
une maison et place de 2a.20ca.
un bâtiment de 2a.10ca.

Le 12 décembre 1865, « Henri Benoit, cultivateur, domicilié à Commanster ; Laurent Benoit, cultivateur, domicilié à Priesmont, commune de Vielsalm, Jean-Henri Benoit, cultivateur domicilié à Sterpigny ; Catherine Benoit, ménagère, épouse de Gengoux Cahay, cultivateur et celui-ci même, domiciliés à Neuville ; Thérèse Benoit ; Jean-Baptiste Benoit ; Paul-Joseph Benoit ; Mathieu Schneider, cultivateur, agissant en qualité de tuteur de Auguste ; Jean-Joseph ; Philippe et Hortense Schneider, enfans mineurs qu'il a retenus de son mariage avec feue Marie-Joseph Benoit ; à lui joint le subrogé-tuteur Michel Bissot, cultivateur, tous ces derniers domiciliés à Commanster », introduisirent une requête au Tribunal de Marche, afin « de les autoriser à vendre publiquement par le ministère du notaire que vous commettrez, conformément à la loi du douze juin mil huit cent seize, une maison avec terre, jardin et pré y tenant, sis à Commanster, commune de Beho ; joignant à Nicolas Houry et à Jean Mathieu Bissot. Cette demande est fondée sur ce que ces immeubles qui appartiennent tant à la succession d'Angélique Heyne, décédée à Commanster, qu'à la communauté conjugale qui a existé entre celle-ci et l'exposant Henri Benoit sont indivis entre les requérans majeurs et mineurs ; qu'ils ne sont pas commodément partageables et que les co-intéressés majeurs veulent sortir d'indivision. ». La maison est cadastrée n°555, d'une contenance de 2,20 ares, le bâtiment rural est cadastré n°563, d'une contenance de 2,10 ares.
Ce qui fut accepté par le Tribunal le 15 décembre 1865.

Le 23 décembre 1865, la vente fut adjugée pour 1.005 francs, en faveur de Paul-Joseph, Jean-Baptiste et Thérèse Benoit, colicitants chacun pour un quatorzième.


Vente de la maison Benoit, le 23 décembre 1865, extrait des minutes du notaire Jacques à Vielsalm.

La maison Benoit est cadastrée n°555, d'une contenance de 2,20 ares, le bâtiment rural est cadastré n°563, d'une contenance de 2,10 ares.

Le 24 novembre 1870, devant le notaire Nols, à Aubel, Baptiste Benoit, préposé de douane, demeurant à La Planck, commune de Fouron-Saint-Martin, constitue sa soeur Thérèse Benoit, ménagère en la commune de Beho, afin de vendre les biens immeubles qu'il possède dans cette commune.

La propriété Benoit à Commanster subit une transformation en 1873, par l'ajout d'un bâtiment rural, réuni avec une partie du bâtiment n°563, il devient alors 555a. L'ancien bâtiment n°563 est démoli et change alors partiellement d'affectation. La maison, le bâtiment rural et la place n°555a, ont alors une contenance de 3,10 ares.


Ancienne maison Benoit à Commanster, peinte par Rapier, telle qu'elle se présentait à partir de 1873, à droite la maison Houry.

Le 26 octobre 1880, Thérèse Benoit, ménagère à Commanster, agissant en qualité de mandataire de son frère Baptiste Benoit, employé des douanes à Dolhain, vend les biens qu'il possède à Commanster, dont le tiers indivis d'une maison d'habitation et ses dépendances, tenant du levant à Bissot, du couchant à Houry. La vente est consentie moyennant 500 francs, au profit de Paul-Joseph Benoit son frère. Paul Benoit détient désormais deux tiers de la propriété familiale.


Vente de la part de maison de Baptiste Benoit, le 26 octobre 1880, extrait des minutes du notaire Jacques à Vielsalm.

Thérèse Benoit avait fait un testament devant le notaire Jacques à Vielsalm, le 26 octobre 1880, par lequel elle léguait l'usufruit de ses biens à son frère Paul Benoit et la nue-propriété à son fils naturel Edouard Benoit.

Paul Benoit meurt en 1896, en célibat. Il avait institué comme héritier son neveu Edouard Benoit, par testament du 13 mars 1896, avenu devant le notaire Jacques à Vielsalm.

Edouard Benoit fut alors propriétaire de l'entièreté de la maison familiale.

Edouard vend cet ensemble le 20 mars 1897, devant le notaire Jacques à Vielsalm, au profit de Eugénie, Louise, Léopold, Célestin, Joseph, Elisabeth et Amélie Houry, tous cultivateurs à Commanster, ses cousins, moyennant 800 francs.

Vente de la maison Benoit à la famille Houry, le 20 mars 1897, extrait des minutes du notaire Jacques à Vielsalm.

Le 17 septembre 1899, devant le notaire Jacques, Célestin Houry, Louise Houry, Léopold Houry, Amélie Houry et son époux Joseph Richter, tous à Commanster, Eugénie Houry et son époux Henri Wilhelmy, plafonneur à Houffalize et Pierre-Joseph Houry, soldat de l'armée belge à Bruxelles vendent à Elisabeth Houry et son époux Joseph Urbany, cultivateurs à Battice ; 6/7 d'une petite propriété qu'ils possèdent avec l'épouse de l'acquéreur, telle qu'elle a été acquise d'Edouard Benoit (n° 554, 556, 555a, 557a, 550 et 551), d'une superficie d'environ 15 ares ; pour 800 F.

Elisabeth Houry, était née à Commanster le 16 mars 1872, fille de Nicolas Houry (mort 1891), neveu de Henri Benoit. Elle épousa à Beho le 13 octobre 1897, Joseph Urbany.

Edouard Benoit meurt à Commanster le 19 avril 1900, âgé de 29 ans.

Le 30 juin 1900, Frédéric Jacques notaire à Vielsalm, représenté par Maître Léon Alexandre, introduisit une requête au Tribunal de Marche, déclarant qu'il était créancier de la succession d'Edouard Benoit, à cause des droits de succession qu'il avait payés à sa décharge au bureau d'Houffalize le 2 avril 1897. Comme il ne s'était présenté personne pour recueillir sa succession et qu'il n'avait pas d'héritiers connus (d'après le notaire !!!), ainsi qu'il fut constaté par acte de notoriété. Il priait le Tribunal de nommer un administrateur provisoire. Le 6 juillet 1900, le Tribunal déclara, en audience publique, la succession vaccante et nomma Auguste Maquet, instituteur pensionné à Blanchefontaine, administrateur provisoire à la succession. Celui-ci introduisit à son tour, le 4 décembre 1901, une requête au Tribunal, afin de pouvoir faire vendre publiquement les immeubles dépendants de la succession d'Edouard Benoit et ceux qu'il possédaient en indivision avec les Schneider. Le Tribunal autorisa la vente le 13 décembre 1901.

Le 10 mai 1902, devant le notaire Jacques à Vielsalm, vente publique d'immeubles à la requête d'Auguste Maquet, clerc de notaire à Vielsalm, agissant en qualité 1°) de curateur (nommé par jugement du Tribunal de Première Instance de Marche le 6 juillet 1900) à la succession vacante du sieur Edouard Benoit ; 2°) de mandataire des consorts Schneider-Benoit (en vertu de leur procuration avenue devant Frédéric Jacques, notaire à Vielsalm le 9 mai 1902): 1) Jean Baptiste Schneider encaisseur à Bruxelles, 2) Jean Joseph Schneider machiniste au chemin de fer à Ensival, 3) Marie Legrand et son époux Jean Joseph Lefèvre machiniste à Troisponts, 4) Henri Schneider téléphoniste à Paris. En exécution d'un jugement rendu sur requête par le Tribunal de Première Instance de Marche le 13 décembre 1901, commettant le notaire Jacques pour procéder à la vente des biens appartenant en propre à Edouard Benoit et ceux qu'il possédaient dans l'indivision avec les Schneider. La vente est faite en présence du juge de Paix du canton de Vielsalm, Lucien De Potter et de son greffier.
· la pâture sart « Devant Baileux » n°748i, de 68,20 ares, adjugée à Antoine Lecop, cultivateur à Commanster, pour 175F.
· la pâture sart « à l'Assaint » n°103, de 1,14 ares, adjugée à Jean Joseph Bodeux, cultivateur à Commanster, pour 1F.
· la pâture pré « à l'Assin » n°129, de 4,20 ares ; une pâture sart, même lieu, n°97a, de 23,10 ares, adjugées à Joseph Richter, cultivateur à Commanster pour 66F.
· La terre « à la Fosse » n°52e, de 6,80 ares, adjugée à Eugène Hubert, cultivateur à Commanster, pour 15F.50c.
· la pâture sart « Fagne de Glainfat » n°156i, de 3 ares, adjugée à Laurent Koop, cultivateur à Commanster, pour 5F.
· La pâture pré « à l'assin » n°112, de 5,30 ares, adjugée à Emile Merget, inspecteur de l'enseignement à Chênée, pour 3F.
· la pâture sart « à l'assin » n°117, de 5,90 ares, adjugée à Jean Joseph Bodeux, cultivateur à Commanster, pour 2F.
· la pâture sart « devant Beuleux » n°731, de 8,80 ares, le n°734, de 20 ares ; une autre « à la Hêche » n°798, de 14 ares, adjugées à Léopold Houry, cultivateur à Commanster, pour 81F. 50c.
· la pâture pré « devant Forsinfat » n°844, de 2,60 ares, adjugée à Jean Krings, cultivateur à Commanster, pour 2F.25c.
· la terre « à Chavée » n°929, de 12 ares, adjugée à Michel Schmitz, cultivateur et bourgmestre à Commanster, pour 40F.
· le pré « aux pis du prévôt » n°1136, de 7,50 ares, adjugé à Henri Andrianne, cultivateur à Commanster, pour 10F.
· la pâture sart « fagne de Glainfat » n°156h, de 9,60 ares, adjugée à Laurent Koop, cultivateur à Commanster, pour 15F.
· le pré « à Hêche du préhay » n°1147, de 6,20 ares, adjugée à Victor Bissot, cultivateur à Commanster, pour 15F.
· la terre « à Hêche du Préhay » n°1186, de 8 ares et le pré à Commanster de 77 centiares, adjugés à Joseph Urbany-Houry, cultivateur à Commanster, pour 7F.
· la terre « desseur les Chenets » n°719, de 16,20 ares, adjugée à la veuve Schmitz de Commanster, pour 125F.

La maison n°555a, de 3,10 ares, est agrandie en 1912, elle change de limites avec les ns° 550a et 554b.
Elle a alors une contenance de 2,70 ares et porte le n°555b. Elle est reconstruite en 1926 et change une nouvelle fois de limites avec le n°554d. Elle devient le n°555c de 2,90 ares.
Elle est agrandie conséquemment en 1944 et change encore de limites avec le n°550b, pour devenir une propriété de 5,27 ares sous le n°555d.
Elle a appartenu à la fille d'Elisabeth Houry, Elise Urbany (1898 - 1977), épouse de Léonard-Joseph Schmitz, puis à leur fille Marie-Jeanne Schmitz (1929), veuve de Jean Parmentier qui l'habite actuellement.

Merci à Me Parmentier, de Commanster.


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